Home Meetings Seoul 4th International Conference in May 2023 Coulibaly Adama, Dynamique Unitaire Panafricaine

Coulibaly Adama, Dynamique Unitaire Panafricaine

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Chers Camarades,

La Dynamique Unitaire Panafricaine (DUP) est honorée de prendre part à cette rencontre internationale anti-impérialiste et au congrès du PDP. Le délégué que je suis a eu le bonheur de séjourner à plusieurs reprises dans ce beau pays la Corée du Sud. J’ai pu constater avec émotion l’attachement de la Corée à son identité intrinsèque, ses valeurs culturelles ancestrales tout en étant ouvert à la science et au reste du monde. Nous autres panafricanistes souverainistes révolutionnaires voulons une nouvelle Afrique, à la fois moderne et ancrée dans ses valeurs ancestrales réhabilitées. Au-delà de cette considération, l’Afrique comme la Corée ont connu la domination extérieure, la lutte de libération, la guerre, le séparatisme, la division. La Corée et la plupart des pays d’Afrique ont collaboré dès la fin de la guerre de Corée et des indépendances formelles des pays d’Afrique.

Ces rencontres majeures, votre congrès et la conférence anti impérialiste mondiale se tiennent dans un contexte international trouble, marqué par la multiplication des provocations, des agressions contre l’environnement et les peuples, l’intensification des guerres chaudes et le risque sérieux d’une nouvelle conflagration mondiale. C’est la manifestation de la crise du système capitaliste exploiteur et impérialiste dominant qui impose davantage sur le monde sa volonté et ses décisions depuis la chute du mur de Berlin.

La guerre a été et est toujours la solution aux crises majeures du système capitaliste impérialiste, et les peuples ont toujours servi de chair à canon.

Pourtant, le niveau des connaissances scientifiques, techniques, la connaissance et les leçons de l’histoire tourmentée de l’humanité, l’épisode récent de la crise sanitaire de la Covid-19, autorisent l’espoir d’une gouvernance mondiale vertueuse et écologique au profit des peuples, del’environnement et des générations futures. Une simple utopie ? Non ! Une exigence incontournable, un impératif catégorique militant mondial de tous les combattants de la paix, de la liberté et du progrès raisonnable.

L’Afrique, que je représente ici à travers la DUP, est l’une des principales victimes de ce système de domination et de destruction de toutes valeurs autre que le profit, depuis plusieurs siècles.

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Créée depuis bientôt 4 ans, la DUP réunit vingt-trois organisations africaines et afro-descendantes de diverses natures (politiques, associatives, citoyennes). Notre combat vise la libération du continent de toute domination quelle qu’elle soit, et la reconstruction d’une Afrique unie, souveraine, prospère au service des peuples d’Afrique solidaires des peuples du monde.

Camarades,

Je veux ici vous parler de cette Afrique, terre mère de l’humanité, ce continent jadis pétri de valeurs d’humanité, de paix et de concorde : l’art du vivre ensemble harmonieux et sensé à travers la Maat (Egypte antique), Ubuntu (Afrique Orientale, Centrale et Australe), la Charte de Kouroukan Fouga de 1236 (1ère constitution au Monde).

Je veux évoquer cette Afrique pleine de promesses, de richesses dont le monde entier a besoin, à commencer par les Africains eux-mêmes qui en sont pourtant dépossédés ; cette Afrique à la fois convoitée et martyrisée.

L’Afrique est agressée depuis plus de 400 ans par des guerres d’occupation incessantes aux multiples visages, avec l’objectif d’exploiter ses forces vives, d’exterminer ses habitants et de piller ses ressources naturelles. A un point tel que la communauté dite internationale considère comme normal cet état de guerre permanente en Afrique, justifiant une occupation militaire étrangère constante.

Cela a commencé avec les guerres esclavagistes : les traites négrières arabe et européenne et la traite atlantique. En effet, l’Afrique est un continent profondément meurtri par près de cinq siècles de traite négrière avec la dispersion de dizaines de millions d’hommes et de femmes sur l’ensemble de laplanète pour contribuer à l’accumulation du capital de l’occident. Plusieurs autres dizaines de millions d’hommes et de femmes sont morts par les castrations arabes et durant les traversées sur les bateaux négriers.

De tous temps, les Africains ont opposé une résistance farouche à toutes formes d’agressions barbares. Cela n’a malheureusement pas empêché la destruction des grands empires (Ghana, Mali, Songhaï…) ainsi que la négation et une destruction partielle de la civilisation africaine doublées du pillage éhonté de ses richesses culturelles qui tapissent encore les musées occidentaux.

Le dépeçage de l’Afrique au congrès de Berlin de 1884/85 et les guerres d’invasion coloniales ont continué de décimer la multitude de résistants et de soumettre les populations africaines par le canon. Oui, à cette abomination esclavagiste a succédé la colonisation avec les mêmes méthodes violentes, de massacres avec des velléités génocidaires, travaux forcés, intensification de l’exploitation des richesses. Tel un gâteau, ils se sont partagés le vaste territoire africain, séparant des communautés, divisant des familles, privant des populations à l’accès à certaines richesses naturelles indispensables à leur survie. Après avoir utilisé la jeunesse africaine en première ligne des guerres impérialistes de 1914/1918 et de 1939/1945, l’administration coloniale a 2

retourné ses armes contre les peuples africains qui espéraient à leur tour, jouir de l’indépendance et de la liberté, en commettant de nombreux massacres coloniaux : assassinats de dizaines de « tirailleurs sénégalais » de la 2e guerre mondiale qui réclamaient leur solde. C’est aussi le massacre par les colonialistes français en mars 1947 de près de 100.000 malgaches anti- colonialistes. C’est encore les massacres par l’administration coloniale française en Côte d’Ivoire en 1949, à Casablanca en 1947, au Cameroun où la guerre coloniale a ciblé 10 ans durant la lutte armée de l’Union des Populations du Cameroun avec plus de 500 milles morts. Les ex colonies portugaises ont également connu d’intenses luttes menées en Angola avec le MPLA, au Mozambique avec le FRELIMO, en Guinée Bissau et au Cap Vert avec le PAIGC pour arracher l’indépendance de ces deux pays en 1974.

Les indépendances, même factices, ont été obtenues de haute lutte au prix du sang du peuple et de plusieurs de ses représentants indépendantistes et révolutionnaires : Patrice Lumumba au Congo assassiné par les colonialistes belges avec l’aide des américains le 14 septembre 1960 dont le corps a été découpé et dissout dans l’acide. Barthélémy Boganda de Centrafrique dont l’avion explose en plein vol le 29 mars 1959, la France est fortement soupçonnée. Au Cameroun c’est Ruben Um Nyobé, Félix Moumié, Ernest Ouandié tous leaders de l’UPC, qui ont été assassinés par les colonialistes français et leurs complices camerounais. Au Togo c’est Sylvanus Olympio assassiné le 12 janvier 1963 par un commando avec la complicité de la France et des Etats-Unis. En Guinée Bissau, c’est Amilcar Cabral assassiné le 20 janvier 1973 par des hommes de mains des colons portugais. Au Burkina Faso, Thomas SANKARA a été assassiné avec 12 de ses compagnons par une coalition Françafricaine.

Partout, l’impérialisme s’est appliqué à détruire méthodiquement les forces révolutionnaires porteuses d’avenir pour les peuples africains. L’impérialisme français a systématiquement utilisé cette méthode dans son pré carré françafricain sur lequel il tente de maintenir sa domination à travers des accords coloniaux dits de coopération. Ces accords ont vidé de leur contenu les indépendances des années 60. Encore en 2023, la France maintient en toute illégalité un statut colonial sur plusieurs territoires. L’archipel des Comores, qui comprend quatre iles, a été divisé et Mayotte, vitale pour les autres iles est restée sous domination de la France avec une politique criminelle d’exclusion qui a engendré la mort de 5% de la population en quête d’un monde meilleur, faisant de la mer des Comores un des plus grands cimetières maritimes. La France mène en ce moment sur l’ile Comorienne de Mayotte l’opération Wuambushu, chargée de détruire des logements, réprimer, déguerpir et expulser par la violence certains comoriens de leur territoire occupé de force. Du fait de ses possessions coloniales, la France contrôle le 2e plus grand domaine maritime au monde composé à 97% des territoires d’Outre-mer répartis sur tous les océans avec 11 millions de Km2 derrière les Etats-Unis.

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Après les indépendances des années 60 et l’inauguration des coups d’États meurtriers, les guerres civiles et guerres dites ethniques et/ou religieuses ont été initiées, avec les exemples meurtriers du Biafra au Nigeria, de la Somalie, du Soudan, de la RDC, du Libéria, de la Sierra Léone, du Centrafrique, de la Côte d’Ivoire et l’insoutenable génocide au Rwanda. Pour tous ces malheureuxexemples, l’Armée française et les Nations unies étaient présentes sur les lieux avant et pendant les drames.

La normalisation des interventions militaires en Afrique s’est faite d’abord à travers les accords de coopération léonins entre la France et ses anciennes colonies. Elle s’est ensuite poursuivie à travers les missions militaires des Nations Unies dirigées par l’OTAN :

Le terrorisme a ensuite été instauré pour maintenir l’État de guerre permanente. Ce phénomène s’est amplifié à la suite de la destruction de la Lybie par l’OTAN avec la France en tête de pont. En effet, l’assaut de la France et de l’OTAN contre la Libye avec l’assassinat du Président Kadafi en 2011 a durablement déstabilisé ce pays et tout le continent favorisant la prolifération des armes et le développement de groupes terroristes. L’Afrique est le continent qui affronte le plus de guerres et d’incursions de groupes terroristes lourdement armés et bien renseignés (Mali, Burkina-Faso, Niger, Tchad, Mauritanie, Nigeria, Cameroun, Somalie, Soudan, Togo, Bénin, Éthiopie, Kenya, RDC…) qui massacrent massivement les populations et les FDS.

Cela s’accompagne de tentatives de division de pays comme le Mali, l’Éthiopie, et bien d’autres tristes exemples. Le Sahel est de nos jours le principal terrain privilégié d’expérimentation de cette guerre asymétrique, avec une extension vers les pays du Golfe de Guinée. D’autres zones et pays d’Afrique sont concernés.

Tout cela pendant que la France totalise plusieurs bases militaires dans 11 pays en Afrique avec entre 12 000 et 15 000 soldats. Les États-Unis sont présents dans plusieurs pays sous le commandement d’Africom, avec 16 bases militaires et aérodromes de drones. Situé à la corne de l’Afrique, l’ex colonie française de Djiboutiavec 23.000 km2 et un million d’habitants, occupe une place stratégique centrale dans le contrôle des routes maritimes les plus empruntées au monde. Une multitude de bases militaires étrangères y sont installées : Etats-Unis, France, Espagne, Allemagne, Italie, Chine, Turquie, Japon. Suite à des demandes gouvernementales, la Russie est présente en Centrafrique et au Mali notamment, deux pays où la présence conjointe des forces françaises et onusiennes est un échec cuisant.

Des institutions comme les missions des Nations Unies, la Banque Mondiale et le FMI, l’AFD ont largement déstructuré et paupérisé les États africains et leurs populations, avec la complicité de dirigeants fantoches locaux.

6 opérations de maintien de la paix de

l’ONU sont aujourd’hui présentes sur le continent. Des Casques bleus sont déployés en République centrafricaine, en République démocratique du Congo

(RDC), au Mali, au Soudan du Sud, à Abiyé au Soudan et au Sahara occidental.

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La majorité des pays africains sont dirigés par des bourgeoisies compradores, des régimes vassaux néocoloniaux complices et représentants locaux du grand capital. Il s’agit de régimes politiques autoritaires voire dictatoriaux en rupture avec les intérêts des peuples, souvent très répressifs, ne permettant pas à des partis progressistes, révolutionnaires de fonctionner librement, l’ensemble deslibertés publiques sont bridées et même supprimées. L’économie de ces pays est extravertie, se limitant, comme du temps de la traite esclavagiste transatlantique, à une économie de rentes et d’extraction dominée par le capital étranger. L’industrie y est très faiblement développée, la classe ouvrière reste embryonnaire. L’Afrique, continent possédant le plus grand potentiel de richesses au niveau de son sol et son sous-sol demeure le continent le moins industrialisé avec la population la plus démunie avec peu d’accès à l’eau potable et à l’électricité. Elle détient 30% des réserves mondiales de minerais et regorge de métaux rares nécessaires à la transition énergétique.

L’impérialisme occidental reste dominant sur le plan économique et culturel avec une forte présence des entreprises de l’Union Européenne, des Etats-Unis, du Canada… Certains autres pays sont de plus en plus présents en Afrique avec une démarche politique et économique différente, ce qui n’est pas du goût du G7/OTAN. Ce sont les pays des BRICS et d’autres comme la Turquie pourtant membre de l’OTAN. On note également une coopération renforcée entre le Maghreb et l’Afrique Subsaharienne.

Face à ce constat inacceptable, la DUP travaille à rassembler des organisations et des militant.es déterminé.es et engagé.es dans le combat panafricaniste anti impérialiste en soutien actif aux luttes multiformes qui s’amplifient en Afrique.

Des luttes importantes contre la domination et l’exploitation capitaliste, pour la souveraineté et les droits sociaux, économiques et culturels continuent de se développer partout sur le continent. En 2020 au Burkina Faso et au Niger, les populations se sont dressées contre de gigantesques convois de l’armée française. Au Mali, Barkhane a été obligée de se relocaliser principalement au Niger et au Bénin. Il en est de même pour la task force Sabre au Burkina qui a été sommée de quitter le pays. En RDC la MONUSCO est dénoncée et priée de plier bagages. La Françafrique, bras politique, économique et militaire de l’occupation militaire de l’OTAN est en difficultés par les coups de boutoirs de la jeunesse, des peuples et du néo panafricanisme sur le continent et dans la diaspora.

Les puissances impérialistes et leurs relais locaux résistent, procèdent par sabotages économiques, répression meurtrière (Tchad, Sénégal), intensification des attaques terroristes (Mali et au Burkina), guerre entre factions de l’armée au Soudan, une guerre en réalité entre puissances interposées sur le dos du peuple soudanais qui fuit les combats pour l’exil, … .

Notre objectif, aux côtés des peuples d’Afrique est de reconquérir la pleine souveraineté et l’unité de l’Afrique, mettre fin à la prédation et l’exploitation

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capitaliste au bénéfice des peuples africains. Nous exigeons le départ d’Afrique de toutes les troupes étrangères et onusiennes !

Cet objectif de libération et de progrès des peuples passe par un renforcement de la solidarité internationaliste concrète dans le cadre de la lutte contre l’exploitation capitaliste et l’impérialisme. Nous sommes disposés et prêts à cette solidarité de luttes avec les camarades des autres continents.

Cette lutte politique et idéologique étant multiforme, nous envisageons la création d’une Université internationaliste ainsi que des médias progressistes pour contrecarrer la propagande impérialiste.

La DUP œuvre au renforcement de ses liens avec toutes les forces anti- impérialistes dont l’objectif est de construire un ordre mondial solidaire où aucun pays ne dominera plus aucun autre, où le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes sera une réalité tangible, dans la paix et dans l’unique objectif derépondre aux besoins légitimes des peuples.

Pleins succès à vos travaux !

Vive la solidarité agissante entre les peuples et leurs représentants authentiques !

Contre la guerre, pour la paix, les travailleurs et les peuples du monde vaincront !

Nan lara, an sara ! Seule la lutte libère !

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